Sur le terrain – 2013

2 missions

Madher Tiberguent :

Reprise du chantier de construction de l’école. Les enfants finissent l’année scolaire dans la nouvelle classe. La bibliothèque, les toilettes sont opérationnelles pour l’inauguration des locaux par la Wali début 2014.

Agassar :

Comme nous nous y étions engagé en 2011, nous revenons vers ce village pour faire un état des lieux des besoins et de la situation en vue de préparer un programme d’aide et d’accompagnement envisagé à l’horizon 2015..

Zarga :

Situé en pleine “zone rouge“, les précautions en matière de sécurité sont revues à la hausse durant ces 4 jours sur Zarga situé à environ 130 Km de notre camp de base. Le compte rendu de cette visite aux autorités a été l’occasion de remettre les choses à leur place avec le DREN et le Wali et de rappeler fermement les attentes qui sont les nôtres et qui déterminent le démarrage (ou pas) du projet.

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1 ere mission 2013

MADHER TIBERGUENT :

Premières constatations Sid Ahmed “BomBé“ n’a pas rempli son contrat. Les portes ne sont pas scellées, les finitions autour des ouvertures (fenêtres, portes, et aérations ne sont pas faites, les estrades ont été bâclées et il existe un réel risque que les élèves se blessent si on les laisse en l’état. Le dallage de la terrasse sous arcade n’est pas fait. Enfin, la chape intérieure ne permet pas la pose de carrelage tant les différences de niveau sont importantes.

Les pénalités prévues au contrat sont donc appliquées. Cette partie de ce travail supplémentaire sera réalisé par Philippe épaulé par Djah (le nouveau maçon). Il assurera la correction de la chape et les finitions des ouvertures. Le président, fixe les tableaux, refait les estrades et réalise le dallage extérieur sous arcades et devant la bibliothèque.

ZARGA :

Après deux semaines d’intense activité pour rattraper le retard, il faut se projeter vers Zarga pour faire un point d’étape sur le projet de poste de santé qui est prévu en 2014. Les alertes du MAE français nous confortent dans la prise de mesure de sécurité plus stricte que d’habitude, mais tout ira bien. Gendarmerie Mauritanienne et Garde Nationale seront très attentives à nous « suivre » et à garder le contact.

Taghla la jeune femme pressentie pour assurer la veille sanitaire sur ce village a été formée aux premiers soins et premier secours à l’hôpital de Chinguetti. Nous lui remettons une petite panoplie de pansements et de médicaments de base. Nous allons aussi expertiser les travaux à faire pour adapter le bâtiment et les installations d’équipement dans le poste.

Le directeur de l’école qui s’est installé dans le bâtiment pour en faire un logement de fonction est rappelé à ses obligations et aux décisions prises par le Wali il y a déjà 6 mois : il doit libérer le bâtiment avant le printemps prochain.

Le Maire d’AIN SAVRA, le chaleureux et très dynamique Idoumou fera le voyage depuis sa commune pour nous rencontrer chez Zeidane, puis ensuite viendra jusqu’à Madher pour visiter la nouvelle école.

MADHER TIBERGUENT :

Durant ces 4 jours de «pause», Ely Salem et les petits manœuvres (« Bébé » et Lemine) ont ponçés les murs. Dès le retour, Philippe commence la peinture. Les deux couleurs retenues par les mamans et les enfants habillent les murs.

Nous réalisons une réplique en pierres du drapeau National qui constitue un socle pour fixer un mât et permettre la levée des couleurs.

Il est temps de ramener le mobilier dans la classe. Ely Salem s’en charge entre deux débandades de son âne. Le nettoyage des chaises et tables puis le montage des pupitres sera fait rapidement si bien que nous pouvons faire la surprise aux enfants le dimanche matin, jour de reprise de la classe : ils vont suivre les cours dans la nouvelle classe jusqu’aux vacances le 25 juin. L’IDEN d’Atar, notre ami “ARDA“, assiste à cette rentrée exceptionnelle qui s’effectue avec 5 mois d’avance (elle n’était programmée que mi-octobre)

Djah signe une convention de prestation pour réhabiliter l’ancienne classe car les pluies de l’hivernage 2012 ont beaucoup plus détériorées le bâtiment que prévu. Il faut couler une armature en béton armé pour ne pas risquer de voir la future bibliothèque s’écrouler d’ici deux ans.

L’IDEN d’Atar organise depuis 2012 une remise des prix pour les lauréats du concours d’entrée au collège. Chaque 1er au classement des catégories retenues sont primés : par matières, par école, par commune, etc. Au total pas moins de 92 enfants doivent recevoir un prix. Le succès de l’an passé a permis de remobiliser les énergies autour du Directeur départemental qui avait essuyé des critiques malgré son investissement auprès des enfants et des enseignants.

Notre ONG a décidé dès l’an passé d’apporter son soutien à cette belle initiative, d’abord en cédant 5 ordinateurs (don de FranceAgrimer, de la ville de Boulogne-Billancourt et de l’Agence de Services et de Paiement) en 2012 pour faciliter l’enregistrement des résultats et le choix des lauréats. En 2013, nous avons remis 58 dictionnaires et une centaine de livres de bibliothèques à notre ami « Arda ». Nous souhaitons bonne chance aux enfants qui vont entrer au collège.

2 ème mission 2013

MADHER TIBERGUENT :

En septembre, le bâtiment de l’ancienne classe destiné à devenir la bibliothèque et qui n’a pas pu être consolidé en mai a souffert des pluies. Des fissures importantes sont apparues dans les murs de banko et des infiltrations ont eu lieu à partir du toit. Les poutres métalliques (longerons de camion) sont devenues trop lourdes pour la structure ancienne de ce bâtiment. Les photos envoyées par Maloum témoignent de cet état. Il est donc décidé de ne pas laisser la dégradation prendre de l’ampleur, sinon il faudra reconstruire complètement un lieu pour accueillir la bibliothèque.

Six poteaux et un chainage en béton armé sont coulés par Djah, le maçon. Le toit est complètement démonté et refait avec un film plastique pour l’étanchéité, des feuilles de palmiers pour l’isolation et du banko pour la solidité de l’ensemble. Il scelle les 3 fenêtres prévues et la nouvelle porte, refait le crépi intérieur et extérieur et coule la dalle de sol.

La mission commence par l’achat du matériel photovoltaïque en collaboration avec l’ADER. L’installation et les branchements se feront en trois jours. Puis nous allons chercher des pierres plates chez Bahah pour constituer les étagères (après découpe) de la bibliothèque. Les murs sont poncés et peints après avoir fixées les étagères. Le carrelage est posé. La bibliothèque n’attend plus que les livres soient installés au retour d’Agassar.

AGASSAR :

Visité en 2011 avec Philippe & Dominique, le village perché sur un petit promontoire est bordé par un Wad et une palmeraie, mais ce cadre idyllique cache une pauvreté endémique et pour le rallier (75 Km de “piste“) il faut 5h30 depuis Atar tant ce secteur est enclavé et difficile d’accès.

Dès l’arrivée nous procédons au repérage de ce qui pourrait devenir l’un de nos projets futurs (2015). Philippe assure la distribution de plus de 250 cahiers et des fournitures scolaires aux enfants devant l’école. Puis, environ 900 vêtements (sans compter les chaussettes, gants et casquettes) seront remis aux enfants qui se présentent avec leur Maman.

L’état de l’école (3 bâtiments dont un par terre), l’état sanitaire (pas de structure), les besoins des coopératives de femmes sont au menu des visites et échanges. Les débats vifs entre habitants démontrent qu’il y a des clans et des tensions chacun essayant de tirer la couverture à lui.  Nous devons remettre les points sur les i et décidons d’attendre que la situation locale se décante pour reprendre le processus.

Le 1er janvier, nous iront rendre visite aux 8 hameaux qui constituent le village pour présenter l’ONG et expliquer notre démarche et notre indépendance vis-à-vis des groupes de pression, des clans ou des familles. Certains hameaux n’ont jamais vu une ONG chez eux depuis qu’ils se sont installés là.

Le soir, les femmes ont organisées une fête pour remercier Medrassa de son action pour le village.

MADHER TIBERGUENT :

Le 4 janvier 2014, c’est l’inauguration à laquelle assistent près de 80 personnes

Le Wali (Gouverneur) de la Région entouré du Hakem (Préfet), de parlementaires, d’élus, des directeurs d’administrations et du Commandant régional de la sécurité a tenu à présider cette manifestation De l’allocution empreinte de reconnaissance et de souhaits de développer notre partenariat, Je retiens en particulier parmi ses mots : »il n’y a pas d’équivalent dans tout le pays, au nom de mon pays et de ses habitants, merci Philippe pour ce que tu as réalisé ici, merci aux membres de l’ONG d’avoir préparé ce projet par votre bénévolat et votre travail en France , merci la France ».

La journée a été riche en échanges et palabres. De nombreux participants nous ont été adressés un appel pour les aider à réaliser d’autres projets dans leur village, chacun soulignant la fierté d’avoir ce bel outil pédagogique dans leur région. Cette cérémonie a permis aux villageois mais aussi à de nombreux chefs de villages et Maires venus parfois de loin de s’entretenir des problèmes qu’ils rencontrent avec les responsables présents.

J’ai vécu la construction de l’école de Madher Tiberguent comme une formidable « aventure », compliquée parfois, prenante souvent, épuisante physiquement mais ce qui reste de cette somme énorme d’investissement c’est une expérience riche sur le plan humain, intellectuel et culturel. Elle a été l’occasion de mutualiser des énergies si éloignées dans leur mode de vie ou leur sensibilité : administrations, entreprises, fondation, financeurs, bénévoles, villageois, écoles et enseignants.

Au regard des difficultés rencontrées, du manque de mobilisation des villageois, de la distance du chef du village, il y a l’attention des autorités en particulier des forces de sécurité, les encouragements des mamans du village et bien sûr, et surtout, les sourires et les étoiles qui brillent dans les yeux des enfants. Les voir en Mai s’installer dans leur nouvelle classe a été un moment privilégié.

Comme je l’ai dit dans mon discours inaugural, face aux édiles de la région : « ma première pensée et mes remerciements les plus chaleureux vont à celles et ceux, qui en France travaillent chaque jour bénévolement pour faire vivre l’ONG, à celles et ceux qui ont financé le projet, à vous tous qui me faite confiance et qui m’avez donné la force et la volonté de gagner ce pari sur le dénuement dans lequel étaient ces enfants. »

Je dois avouer que je n’ai pas pu cacher mon émotion le jour de l’inauguration entouré des enfants et de celles et ceux qui ont joué le jeu sur place en me soutenant et en m’apportant l’aide et le réconfort indispensable pour tenir.

Du fond du cœur merci à tous.


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